Europe : Olaf Scholz plaide à Strasbourg pour une Union élargie et réformée

May 09, 2023
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Par Karl De Meyer

Publié le 9 mai 2023 à 13:24 Mis à jour le 9 mai 2023 à 18:05

Huit mois après son discours sur l'Union européenne à l'université de Prague , Olaf Scholz s'est de nouveau exprimé mardi sur l'avenir de l'Union, devant les eurodéputés réunis à Strasbourg. Son discours était d'autant plus attendu que Berlin a beaucoup irrité ses partenaires européens ces derniers mois.

En ce 9 mai, journée de l'Europe, il s'est pourtant contenté de réaffirmer de grands principes consensuels. « On aurait pu espérer un texte plus audacieux, avec des propositions plus précises », note Johannes Lindner, codirecteur du Centre Jacques Delors.

Se distancer de Macron

Olaf Scholz a en outre profité de l'occasion pour se distancier d'Emmanuel Macron sur plusieurs dossiers, sans mentionner une seule fois la France. « Cela n'est pas anodin car déjà à Prague, cette omission de l'Hexagone avait été remarquée », analyse Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman.

Dans la perspective de créer une UE « géopolitique », le chancelier s'est positionné clairement pour un élargissement aux pays des Balkans , à l'Ukraine, à la Moldavie, et « à long terme » à la Géorgie. Selon lui, il ne s'agit pas d'« altruisme » mais de « garantir la paix en Europe après la césure que marque l'invasion de l'Ukraine par la Russie ».

Réforme de la gouvernance

Le chef du gouvernement allemand a bien mentionné les difficultés persistantes entre la Serbie et le Kosovo, mais en a tu d'autres. Le récent afflux de céréales ukrainiennes en Europe centrale a par exemple montré les limites de la solidarité de plusieurs gouvernements.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui recevait Ursula von der Leyen à Kiev mardi, a dénoncé leurs « mesures protectionnistes strictes, voire cruelles », dont il a réclamé la « suppression le plus vite possible ».

L'adhésion de l'Ukraine, poids lourd démographique et superpuissance agricole, changerait le visage de l'UE. D'où la nécessité de réformer la gouvernance de l'Union. Olaf Scholz a de nouveau plaidé pour une extension du vote à la majorité qualifiée aux domaines de la politique étrangère et de la fiscalité. Mais de nouveau sans entrer dans les détails.

Distanciations

Manfred Weber, le président du groupe PPE (conservateur) au Parlement a sévèrement commenté le flou de ses propos, estimant que « l'Europe a besoin d'une orientation venue de Berlin ». En guise d'orientation, Olaf Scholz s'est positionné dans les débats des dernières semaines.

Après l'interview dans «Les Echos» d'Emmanuel Macron, qui de retour de Chine, début avril, prenait ses distances avec Washington , le chancelier a rappelé aujourd'hui que « les Etats-Unis restent l'allié le plus important de l'Europe ».

Au sujet de la Chine, essentielle pour l'industrie exportatrice allemande, le chef de gouvernement appelle à un « de-risking [sic] intelligent », pas à un découplage.

Accords commerciaux

Toujours préoccupé par les débouchés de ses entreprises, Olaf Scholz a aussi réclamé de nouveaux accords commerciaux, citant comme partenaires souhaités le Mexique, l'Inde, l'Indonésie, l'Australie, le Kenya et… le Mercosur.

Emmanuel Macron est pour sa part beaucoup plus hésitant à l'égard du bloc des quatre pays sud-américains, à qui il réclame des garanties sur les conditions de production, notamment dans l'agriculture.

Migration et asile

Au sujet des migrations, Olaf Scholz réclame l'adoption finale du pacte sur la migration et l'asile d'ici à la fin de cette législature. Cela doit passer par des accords de retour avec les pays d'origine et de transit des migrants irréguliers, tout en assurant l'arrivée d'une main-d'oeuvre qui manque cruellement à certains secteurs.

Olaf Scholz aura plusieurs occasions de s'entretenir avec Emmanuel Macron d'ici l'été : à Potsdam le 6 juin, au Conseil européen de Bruxelles les 29-30 juin, puis début juillet à l'occasion d'une visite d'Etat du président français en Allemagne.

Source: Les Échos