Medef : la course à la présidence tourne au duel
Geoffroy Roux de Bézieux et Dominique Carlac’h, à Paris, le 10 avril 2018. ERIC PIERMONT/AFP
La course à la présidence du Medef tourne au duel. Alors qu’il y avait trois qualifiés pour l’épreuve finale, l’un des concurrents vient de quitter la piste. Pierre Brajeux a annoncé sa décision, mercredi 10 mai, en précisant qu’il se ralliait à la candidature de Dominique Carlac’h. Celle-ci est désormais l’unique adversaire de Patrick Martin, présenté comme le favori. La manœuvre intervient alors que les instances de l’organisation patronale avaient validé, la veille, la participation du trio au scrutin.
Mme Carlac’h et M. Brajeux ont scellé officiellement leur alliance, mercredi après-midi, lors d’une conférence de presse commune à Paris. A cette occasion, la vice-présidente du Medef a reçu le soutien de deux autres hommes, qui s’étaient également lancés dans la campagne, mais sans succès. Il s’agit de Guillaume Cairou, qui n’a pas obtenu le nombre de parrainages requis pour rester en lice, et d’Olivier Klotz, qui avait jeté l’éponge, il y a plusieurs semaines, au profit de M. Brajeux.
Cette redistribution des cartes permet à Mme Carlac’h de se poser en « candidate de rassemblement », comme elle l’a indiqué, mercredi. Sa prise de parole a été résolument offensive, voire tranchante à l’égard de M. Martin, actuellement président délégué du Medef et très bien placé pour succéder à Geoffroy Roux de Bézieux, puisqu’il bénéficie de l’appui de fédérations professionnelles importantes – par exemple l’Union des industries et métiers de la métallurgie – et de nombreuses structures territoriales de l’organisation patronale.
« Le mouvement que l’on sent actuellement [au sein du Medef] est un mouvement du terrain contre une élection arrangée depuis Paris », a-t-elle déclaré, comme pour suggérer que son rival jouit d’un traitement de faveur, lié notamment à la fonction qu’il occupe : mis en place par M. Roux de Bézieux peu après sa victoire en 2018, le poste de président délégué a installé l’idée de « dauphin », « d’héritier », a-t-elle déploré. Et d’enfoncer le clou : « Toute élection escamotée ferait prendre des risques sur la pérennité, sur la représentativité, sur l’influence que nous prétendons avoir. »
Mariage de la carpe et du lapin
Durant son intervention, Mme Carlac’h a plaidé pour une « évolution du fonctionnement » du Medef vers « plus d’horizontalité », « plus de transversalité », « plus de transparence », sous-entendant par là que la direction sortante – dont elle fait partie – n’avait pas assez œuvré en la matière. De son côté, M. Brajeux a expliqué qu’il voulait « porter une voix qui pèsera encore plus dans le débat », en concluant un pacte avec la candidate. « Nous avons des valeurs communes, telles que l’honnêteté », a-t-il souligné. Une façon de se démarquer de M. Martin que celui-ci appréciera sans doute.
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Source: Le Monde