Il y aura 40 passagers de plus par vol chez Ryanair
La rentabilité de Ryanair est le fruit d’un exercice d’équilibriste. Chaque euro dépensé et chaque service proposé peut faire pencher d’un côté ou de l’autre la balance. Alors quand il est possible de faire monter plus de passagers à bord d’un seul avion, difficile de résister. C’est d’ailleurs ce que vient de choisir la compagnie aérienne low-cost, qui réalise la plus grosse commande de son histoire. Pour remplacer ses 737 NG vieillissants, Ryanair s’est une nouvelle fois tourné vers Boeing et ses nouveaux 737 Max 10.
Au coeur de ses emplettes, Ryanair a passé commande de 150 appareils tout en posant une option pour 150 exemplaires supplémentaires. Plutôt que de les payer au prix catalogue (40 milliards de dollars), le patron de la compagnie Michael O’Leary expliquait lors d’une conférence de presse qu’il avait obtenu “un rabais compétitif”, faisant tout de même de la transaction “la plus grosse commande jamais passée par une société irlandaise pour des produits manufacturés américains”.
Le 14 septembre prochain, l’assemblée générale des actionnaires de Ryanair voteront pour le budget et valideront (ou non) le plan. En plus de remplacer une partie de la flotte existante, le 737 Max 10 commandé doit permettre d’aller accompagner la croissance de la compagnie, qui annonce qu’elle doublera quasiment son volume de vols dans dix ans. De quoi ouvrir la société à 10 000 postes supplémentaires à pourvoir.
Un avion qui n’est pas encore certifié
Les avions américains ont connu de gros problèmes à leurs débuts, avec deux crashs mortels en 2018 et 2019, ce qui a valu à Boeing de devoir revoir leur développement. L’avionneur avait voulu purement et simplement l’abandonner, jusqu’à recevoir un coup de pouce législatif en décembre 2022 et une facilitation d’accès au retour de la production, prévue maintenant pour fin 2023 ou début 2024. Dans son carnet de commandes, 3600 exemplaires sont en attente, chiffre auquel il faut ajouter la nouvelle commande titanesque de Ryanair.
Ce sont des dizaines de milliards d’euros qui ont été dépensés pour pouvoir mener une telle réservation. Pour 300 appareils, il faudrait en théorie payer plus de 40 milliards. Un vrai coût mais qui pourrait vite être amorti par la compagnie qui réalisait déjà 5,5 milliards de dollars de revenus en 2022, en hausse de 192 % par rapport à 2021. Son record en 2019, à 9,4 milliards de dollars de revenus, pourrait être dépassé d’ici 5 ans. Et avec des avions plus économes et plus spacieux (40 personnes supplémentaires par vol), la rentabilité n’en serait que plus importante.
Défi : produire 50 ans appareils par an
En vue du défi de production que cela entraîne, Ryanair s’attend à pouvoir réceptionner ses premiers exemplaires de 737 Max 10 d’ici 2027. Le reste de la production des 150 ou 300 appareils arrivera les 6 années suivantes, jusqu’en 2033. Normalement, d’ici 2025, il sera déjà possible pour la société de produire jusqu’à 50 appareils par an. Il faudra tout de même qu’une certification soit donnée au cours de l’année pour que toutes ces échéances soient respectées. En attendant, Ryanair continue à se relever de la crise sanitaire et de se protéger de l’inflation : ses billets à 10 euros ont disparu depuis août 2022 et la pilule est plutôt bien passée.
Désormais, un billet pas cher chez une compagnie aérienne low cost s’établit plutôt aux alentours de 40-50 euros. En sera-t-il différent quand les avions seront plus économes et proposeront plus de sièges ?
Source: Presse-citron