Le maire de Thizy-les-Bourgs condamné pour ses soirées alcoolisées avec des mineurs protégés
Quand la présidente du tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône (Rhône) lui demande la peine qu’il encourt, Martin Sotton, 34 ans, répond avec assurance : « Ça peut être du sursis… une obligation de soins… » Poursuivi pour incitation de mineurs à la consommation d’alcool et complicité de conduite d’un véhicule sans permis, le maire de Thizy-les-Bourgs ne semble pas savoir qu’il risque en réalité une peine maximale d’un an de prison ferme, à laquelle peut s’ajouter une peine complémentaire d’interdiction de ses droits civiques, civils et de famille, qui reviendrait à suspendre son mandat.
Jugé coupable d’avoir entraîné des mineurs vulnérables dans des soirées alcoolisées à son domicile, M. Sotton a été condamné, lundi 24 avril, à six mois d’emprisonnement avec sursis probatoire de deux ans, obligation de soins et avec l’interdiction de contacter les trois adolescents concernés. Le tribunal a ajouté la peine complémentaire d’interdiction des droits civiques et civils d’une durée d’un an, que le parquet n’avait pas cru bon de requérir. Sous réserve d’appel, la sanction devrait interrompre le mandat de l’édile.
« Je regarde ça avec beaucoup de déception et de regrets. Je sais que mon comportement n’a pas été adapté » répète à la barre Martin Sotton, avec le ton monocorde d’une partition apprise à l’avance. En costume-cravate, l’air débonnaire troublé par les mouvements nerveux d’une jambe, le prévenu reconnaît les faits, mais semble vouloir les tenir à distance. Le 25 décembre 2011, le maire du village, situé tout à l’ouest du département du Rhône, a invité chez lui trois adolescents âgés de 15 ans à 17 ans, pensionnaires du foyer pour mineurs situé sur sa commune. Ils ont bu, beaucoup, longtemps, filmé des scènes vulgaires, avec des gestes à connotation sexuelle. Trop ivre pour conduire, le maire a laissé un mineur prendre le volant de sa voiture pour regagner le foyer. La scène s’est répétée deux jours après. Cette fois, l’élu est allé les chercher en voiture. Il s’est endormi sur un canapé du foyer, saoul, pendant que les mineurs ont joué avec sa voiture.
« J’aime les gens »
Le prévenu parle laconiquement de « soirées festives » avec « quatre personnes ». Il regrette « la consommation d’alcool qui [lui] a fait prendre de mauvaises décisions », et mentionne que son médecin traitant ne lui a « pas fait de recommandation particulière » sur une éventuelle dérive alcoolique. « Mon engagement politique est basé sur le fait que j’aime les gens, je ne suis pas amoureux des gens, j’aime les gens », assure-t-il dans une grandiloquence décalée, pour expliquer un SMS ambigu à un mineur. En le raccompagnant chez lui, un ado a appelé la gendarmerie pour prévenir que le maire ne pouvait plus conduire. Les gendarmes ont raccompagné l’édile chez lui, sans suite donnée, malgré la présence d’un mineur en compagnie de l’adulte ivre au volant. « Il a eu beaucoup de chance », ironise Isabelle Damiano. L’avocate des parties civiles dénonce une situation injuste.
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Source: Le Monde