Bardot vous salue bien, mon dico en PLS, la grande démission... La Semaine vagabonde de Denis Carreaux
Lundi: Bardot vous salue bien
C’est avec un mélange de curiosité et d’appréhension qu’on découvre la mini-série de France 2 consacrée à Brigitte Bardot.
La réalisation de Danièle et Christopher Thompson est soignée, la photographie léchée et le souci du détail historique réel quoiqu’un brin caricatural, à l’image de l’apparition fugace de Micka, le créateur de la tarte tropézienne.
Il n’empêche, le résultat est plaisant et les acteurs convaincants. L’épatante Julia de Nunez ne joue pas Bardot. Elle est Bardot. Quant à Victor Belmondo, dont la ressemblance avec son grand-père saute aux yeux, il crève littéralement l’écran dans le rôle de Roger Vadim.
Au fil des épisodes, la série nous fait surtout prendre conscience de l’importance du mythe B.B. On l’imagine bien aujourd’hui, Brigitte Bardot, entourée de ses animaux et de souvenirs dans sa tanière de La Madrague, regarder entre amusement et indifférence sa légende grandir un peu plus chaque jour.
Le privilège d’une des dernières grandes stars planétaires.
Mardi: mon dico en PLS
Si le sacro-saint dictionnaire a toujours quelques longueurs de retard sur le parler de la rue, des SMS et des réseaux sociaux, la découverte des mots qui viennent enrichir les éditions 2023 du Larousse et du Robert nous conforte dans l’idée que notre vocabulaire est en PLS.
Cet acronyme (position latérale de sécurité) détourné du jargon médical fait son entrée cette année au même titre que crush, instagrammable, spoiler, bader, ghoster…
Parmi les nouveaux mots du dico, la part des mots véritablement issus de notre langue diminue dangereusement. Au point que le Larousse juge désormais utile de préciser "anglicisme déconseillé". Précaution louable, mais tellement dérisoire.
Mercredi: sens des priorités
Le débat, finalement tranché a minima par l’Assemblée, sur l’obligation de pavoiser le drapeau européen au fronton des mairies, démontre une nouvelle fois notre capacité sans limites à créer des débats inutiles.
Est-il vraiment indispensable de recourir à la loi pour imposer un gadget dont se contrefichent la quasi-totalité des Français en période d’inflation et de crise sociale?
Nos concitoyens, qui ont déjà bien du mal à saisir le sens de l’action européenne, ne pourront qu’être irrités par cette initiative de la majorité qui dénote d’un bien curieux sens des priorités.
Pas franchement convaincus, les députés ont imaginé un compromis bancal, limitant cette obligation aux communes de plus de 1.500 habitants.
Au passage, et au dernier moment, ils ont rajouté à ce projet de loi l’obligation d’accrocher le portrait du président de la République aux murs des hôtels de ville. Une avancée majeure.
Jeudi: la grande démission
Les deux informations n’ont rien à voir, mais elles illustrent de la même manière l’ampleur de la dérive de notre société.
À Marseille, une mère de famille de 43 ans perd la vie au volant de sa voiture. Prise sous le feu croisé d’un fusil-mitrailleur et d’une arme de poing, elle a commis l’erreur de circuler dans un quartier où la loi des armes a remplacé celle de la République.
À Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), le maire et médecin de la commune rend son écharpe et son caducée après l’incendie criminel de son domicile.
À Marseille, les habitants appellent à l’aide depuis des mois. Partout, maires et conseillers municipaux jettent l’éponge tandis que leurs représentants alertent dans le vide.
Pendant ce temps, à Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), deux ans et demi après l’assassinat de Samuel Paty, on hésite encore à donner son nom à son collège.
Au-delà des promesses et des grands discours, l’État, accusé lui aussi de démissionner, doit faire preuve de courage et agir. Vite et fort.
Vendredi: devoir de mémoire
Visite dans la salle des archives de Nice-Matin. Derrière les lourdes portes de cet immense local aux airs de bunker sommeillent des dizaines de milliers de journaux, des montagnes de photos noir et blanc, des rangées entières de diapositives et de microfilms.
Sur des rayonnages austères, protégés par d’épaisses reliures en cuir, des décennies de Nice-Matin, Var-Matin, Var-Matin République attendent un hypothétique réveil. On croise même leurs ancêtres, à l’image de ces collections du Petit Var de la fin du XIXe siècle.
En furetant dans cette malle aux trésors géante dans laquelle on rêve de se laisser enfermer, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la manière dont nous conserverons les images et les textes que nous produisons aujourd’hui.
Mots-clés, algorithmes, moteurs de recherche et data centers n’auront jamais l’efficacité et le charme de ces vieilles archives avec leur odeur, leur poussière et leur souci constant du devoir de mémoire.
Samedi: l’affront fait à la France
Non, la gastronomie française n’est pas la meilleure du monde! Je vous le donne en mille, ce sont bien entendu les Américains qui osent asséner cette scandaleuse contre-vérité.
Dans un classement commis par la chaîne CNN que notre mauvaise foi caractérisée et notre chauvinisme forcené nous imposent de contester avec vigueur, les champions de la malbouffe osent reléguer le pays de Bocuse au troisième rang mondial du bien manger, derrière l’Italie, ce qui peut à la limite se concevoir, mais surtout après la Chine.
Non contents de préférer les rouleaux de printemps au tournedos Rossini, les rois du mauvais burger se permettent de dénoncer notre amour du foie gras qui leur hérisse le poil et de railler nos "pauses déjeuner de deux heures avec entrée, plat, dessert". Bande de jaloux!
Source: Nice matin