Guerre en Ukraine : sur le front du Donbass, Kiev reprend l’initiative
Que s’est-il passé samedi 13 mai dans le ciel russe ? Dans la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine, pas moins de quatre précieux aéronefs de l’aviation militaire russe – deux hélicoptères Mi-8, un bombardier Su-34 et un chasseur Su-35 – auraient été abattus « quasiment simultanément », d’après le journal russe Kommersant.
Le « karma » s’acharne sur les Russes
Les autorités russes, qui n’ont confirmé pour l’heure la perte que d’un appareil, n’ont livré aucune explication, mais Kommersant soupçonne que les appareils seraient tombés dans une « embuscade aérienne ». « Nous n’attaquons pas le territoire russe », jurait dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en visite à Berlin. « Le groupe aérien a été détruit par des personnes non identifiées, grinçait la veille son conseiller Mikhaïlo Podoliak. C’est la justice, et le karma… »
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Le « karma » s’acharne sur les Russes ces derniers jours. La destruction de ces appareils n’est que le dernier des coups durs subis récemment par la Russie dans une séquence associant opérations spéciales et frappes ukrainiennes sur des infrastructures et des centres de commandement, des destructions non revendiquées sur le territoire russe, et un assaut localisé qui est parvenu à desserrer l’étau russe autour de Bakhmout, ville moyenne du Donbass où se déroule la plus terrible bataille depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
La Russie riposte par des frappes dans la profondeur ukrainienne, où elle affirme détruire du matériel occidental et dit continuer de progresser dans Bakhmout. Il n’en reste pas moins que, pour la première fois de l’année 2023, l’Ukraine est repassée à l’offensive et a bousculé de quelques kilomètres les lignes russes.
Phase de « modelage » de la contre-offensive
Faut-il y voir le début de la contre-offensive à laquelle se prépare l’Ukraine depuis des mois ? Les observateurs du conflit scrutent avec attention ces signaux, qui semblent se multiplier depuis une semaine. « La contre-offensive pourrait avoir d’ores et déjà commencé », écrivait dès le 8 mai sur Twitter l’analyste indépendant Konrad Muzyka, voyant notamment comme indices les destructions d’infrastructures sur le territoire russe et le déploiement de troupes d’assaut ukrainiennes dans la région de Zaporijjia, considérée comme le lieu le plus probable de cette future opération visant à libérer les territoires occupés. « Je pense que, globalement, c’est bien le cas », lui a répondu le 12 mai le spécialiste de l’armée russe Michael Kofman, tout en notant que cette évaluation nécessitera probablement du recul.
Pour le magazine Défense et sécurité internationale, spécialiste des questions militaires, les manœuvres autour de Bakhmout et les frappes de centres de commandement russes s’inscrivent bien dans une phase de préparation, ou de « modelage ». « Le modelage, c’est cocher la case des conditions nécessaires à une action, développait dimanche le magazine sur Twitter. C’est le plus souvent physique (détruire X dépôts, tel pont, le PC de telle unité, etc.) mais c’est aussi cognitif (…) L’Ukraine a tout intérêt à créer des dilemmes dans le temps et l’espace : faire croire qu’elle va attaquer là, de suite. Ou ailleurs, plus tard. »
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Source: La Croix