Stratégie alimentation et climat : un large front d’associations demande à l’Etat de fixer des objectifs ambitieux

May 15, 2023
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Dans un supermarché à Villefranche-sur-Saône (Rhône), le 28 avril 2023. JEFF PACHOUD / AFP

Le gouvernement s’engagera-t-il en faveur d’une politique volontariste de transition vers une alimentation saine et durable ? Comme proposé par les membres de la convention citoyenne pour le climat en 2019, et fixé dans la loi Climat et résilience de 2021, l’exécutif doit présenter – en théorie avant le 1er juillet, mais tous les observateurs s’accordent à dire que ce calendrier ne sera pas respecté – une « stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat » (Snanc). A l’origine, cette demande avait pour objectif de sortir des mesures sectorielles compartimentées, et d’allier environnement, santé et alimentation.

Si le grand public n’a guère eu vent de l’acronyme « Snanc », encore méconnu, cette stratégie suscite d’ores et déjà des attentes de la société civile, qui se mobilise pour qu’y soient fixées des trajectoires claires de transition. Elle inquiète également certains acteurs économiques, qui craignent l’imposition de nouvelles contraintes.

Alors que le gouvernement n’a, jusqu’ici, rien laissé filtrer de ses arbitrages, les différents camps fourbissent leurs armes. Dernier épisode : lundi 15 mai, soixante-dix organisations environnementales et de santé publique, d’associations de consommateurs, de professionnels de santé et de sociétés savantes publient une lettre ouverte à la première ministre, Elisabeth Borne, pour demander que la Snanc « énonce clairement des objectifs ambitieux et précis pour la transition de notre alimentation » et « planifie des politiques structurelles tout au long de la chaîne alimentaire », en faisant de l’accès pour tous à une alimentation durable une priorité.

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Un tel front uni est rare : du Réseau action climat (RAC) à l’UFC-Que choisir, de la Fédération française des diabétiques à la Ligue contre le cancer, de la Société française de santé publique au syndicat Jeunes médecins et à l’Association française des diététiciens-nutritionnistes, ces entités appellent « le gouvernement à résister à la pression de certains lobbys agricoles et agroalimentaires et à suivre les recommandations partagées par les scientifiques et la société civile pour que la Snanc soit à la hauteur des enjeux écologiques, de justice sociale et de santé publique ». Elles demandent que la stratégie ne soit pas qu’un texte vague mais énonce de véritables outils et mesures pour améliorer l’offre et l’environnement alimentaire.

Les divisions du Conseil national de l’alimentation

« La portée de cette stratégie dépendra des arbitrages qui seront rendus très prochainement par la première ministre, explique Benoît Granier, responsable alimentation au sein du RAC. Il ne faut pas que ce soit un énième plan, mais une stratégie structurante, qui fixe des objectifs, mais aussi des outils concrets pour les atteindre, qui puissent ensuite être déclinés réglementairement ou par la loi. » Ces organisations de la société civile espèrent notamment des mesures pour réglementer l’environnement et l’offre alimentaire, comme l’interdiction des publicités pour les produits les plus mauvais pour la santé ou l’environnement.

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Source: Le Monde