Jean Lebrun quitte France Inter, Charline Vanhoenacker “réduite” au week-end… Ce qui va changer à France Inter

May 15, 2023
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Grandes manœuvres en vue pour la grille de France Inter : outre le passage de flambeau de Laure Adler et Jérôme Garcin, deux piliers de la maison, d’autres voix vont changer de case, telles Léa Salamé ou Charline Vanhoenacker.

Jean Lebrun Photo Hannah Assouline/opale

Par Laurence Le Saux, Elise Racque Partage

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Des visages et des voix emblématiques de la station qui s’en vont, d’autres qui changent de créneau… Les changements de la rentrée se précisent à France Inter. Le point sur ce que l’on sait.

Jean Lebrun tire sa révérence

Producteur de La marche de l’histoire entre 2011 et 2020 sur France Inter, Jean Lebrun, 73 ans, annonce son départ de l’antenne. Il met fin à sa chronique quotidienne dans le 13/14, Le vif de l’histoire. Cette figure de France Culture, qui y avait débuté à la fin des années 1970 (avec une chronique dans la matinale sur la spiritualité !), avait notamment produit Culture matin, Pot-au-feu ou Travaux publics. « Je souhaite arrêter la radio autant que je le redoute, nous indique l’agrégé d’histoire. Mais je suis né au moment de l’invention du Carbone 14, et cela commence à dater… Le micro ne me manquera pas, j’ai déjà vécu sans quand j’étais conseiller aux programmes à France Culture. C’est à l’actualité que je suis accro, c’est elle qui va me manquer. J’ai l’habitude d’être dans un flux constant, je lis toute la journée, j’écoute sans arrêt. Le silence va m’être difficile. » L’animateur aimerait continuer à animer des rencontres en public dans des festivals, et esquisse déjà des projets de livres (« trois ou quatre ») pour la rentrée. « Des ouvrages historiques, un peu autobiographiques aussi. Mais je ne suis pas parti pour écrire mes mémoires radiophoniques, je pense que mon parcours ne passionnera pas les foules ! » Pas si sûr.

C’est fini pour l’émission d’histoire de Patrick Boucheron

Quand il s’était lancé au micro de France Inter l’année dernière, Patrick Boucheron nous avait expliqué être « motivé par une inquiétude sur la dégradation du débat public ». Nous étions alors en pleine campagne présidentielle, et l’Histoire n’en finissait plus d’être invoquée, tordue, manipulée, pour servir les intérêts politiques des uns et des autres. Le dimanche sur France Inter, l’émission Histoire de offrait alors une oasis de sérénité bienvenue où invités et historiens sociétaires remettaient les pendules à l’heure : oui, parler d’Histoire sans hausser le ton, « confronter les hypothèses dans la calme assurance que cela se fait sur le socle commun de la méthode », est possible. Surtout, nous réaffirmait le professeur du Collège de France : « le savoir de l’historien relève d’un régime de vérité qui n’est pas réductible au royaume de l’opinion ».

Nous espérions cette oasis durable ; elle se révèle éphémère : installé par l’ancienne patronne de France Inter Laurence Bloch – remplacée depuis par Adèle Van Reeth –, le programme s’arrêtera au bout de cette deuxième saison. « La direction a expliqué sa décision par des raisons budgétaires. Les audiences étaient bonnes, le programme ne me semblait donc pas menacé », confie Patrick Boucheron à Télérama. Surpris, il ajoute : « Depuis le début, je conçois cette émission de manière collective, en ayant toujours en tête le rôle public de l’historien. Pour certains, cette émission pouvait paraître déplacée sur France Inter, car plutôt exigeante. Je pense au contraire qu’elle y joue un rôle de service public. La proposer sur la grille était un geste fort. L’en retirer n’est certainement pas anodin. » La grille d’Inter comportera-t-elle une autre émission d’histoire en septembre ? Sollicitée, la direction de la station ne souhaite pour l’instant pas s’exprimer.

Laure Adler fait ses adieux

Certains accros au générique de L’heure bleue (les premières notes de Veridis quo, des Daft Punk) et aux entretiens que mène Laure Adler, du lundi au jeudi à 20 heures sur France Inter, seront en peine. La productrice, âgée de 73 ans, arrête de son propre chef l’émission à la fin de la saison, a annoncé à l’AFP un représentant de la station. Elle y recevait artistes et intellectuels chaque soir, interviewant l’historien Jean-Marc Schiappa sur la Révolution française ; la philosophe Claire Marin sur « les débuts » ; la romancière Alice Zeniter pour son premier film, Avant l’effondrement ; ou encore le réalisateur Alain Cavalier. L’heure bleue avait pris la suite en 2016 de la quotidienne L’humeur vagabonde, de Kathleen Evin (devenue hebdomadaire, puis supprimée en 2021). Laure Adler avait débuté comme secrétaire à France Culture dans les années 1970, avant de produire notamment Le pays d’ici ou de participer aux mythiques Nuits magnétiques, puis de diriger entre 1999 et 2005 la radio culturelle. De 2007 à 2015, elle a produit l’hebdo Studio théâtre, sur Inter.

Jérôme Garcin lâche “Le Masque et la plume”… en 2024

Fin avril, Livres Hebdo annonçait un autre départ, prévu cette fois pour décembre 2023 : celui de Jérôme Garcin, 66 ans, producteur depuis 1989 du Masque et la plume — qui fut créé en 1955 sur Inter d’après une idée de Jean Tardieu. L’émission, animée successivement par le duo François-Régis Bastide-Michel Polac puis par Pierre Bouteiller (et critiquée en 2020 pour sa misogynie), ne s’arrêtera pas pour autant : la quête d’un nouvel animateur ou d’une nouvelle animatrice est en cours.

Moins de Charline Vanhoenacker, plus de Matthieu Noël

De son côté, Le Parisien met en lumière plusieurs changements à venir : Bruno Duvic, animateur du 13/14, en partance pour Rome (où il sera envoyé spécial permanent de Radio France), serait remplacé par Jérôme Cadet. Plus inattendu, C’est encore nous, l’émission à succès de Charline Vanhoenacker et sa bande, passerait en hebdomadaire, pour laisser la place à 17 heures à Zoom zoom zen, de Matthieu Noël. L’humoriste star de la station, à l’antenne chaque jour pendant neuf ans, a confirmé qu’elle perdait son émission quotidienne, tout en précisant que ce n’était « pas [sa] décision ».

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Sonia Devillers à la place de Léa Salamé à 7h50

Selon le quotidien encore, Léa Salamé et Sonia Devillers s’échangeraient l’interview de 7h50 et l’invité de 9h10. Si la station refuse de commenter ces modifications, arguant que la grille est toujours en cours d’élaboration, une source nous confirme l’arrivée de Sonia Devillers à 7h50. La journaliste devrait y transposer son style, qui a fait ses preuves au 9h10 : lancé cette saison, le nouveau rendez-vous a convaincu les auditeurs en faisant la part belle aux témoins de société, célèbres ou inconnus.

Une antenne largement remaniée devrait donc émerger à la rentrée de septembre. Permettant à Adèle Van Reeth, ex-productrice des Chemins de la philosophie, sur Culture, nommée en 2022 à la tête d’Inter, d’imprimer plus largement sa patte, alors que la radio connaît une audience triomphale (7 millions d’auditeurs entre janvier et mars 2023, selon Médiamétrie). Installée depuis 2019 à la première place des stations françaises, France Inter a dû son succès à un solide cocktail d’émissions concocté par Laurence Bloch, qui la dirigea entre 2014 et 2022. À l’heure du renouvellement de la recette, tout l’enjeu sera d’en faire perdurer les effets.

Source: Télérama.fr