François Léotard, ancien ministre de la Défense, est mort

April 25, 2023
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DISPARITION - Figure de l'UDF, il fut aussi ministre de la Culture de 1986 à 1988. Il s'est éteint à l'âge de 81 ans. Emmanuel Macron a déploré sur Twitter la perte d'un «esprit libre».

«François Léotard a servi l'État et porté une grande idée de la culture». Sur Twitter, Emmanuel Macron a annoncé ce mardi la mort de l'ancien ministre de la Culture puis de la Défense dans les gouvernements de cohabitation sous François Mitterrand. Celui qui fut aussi maire de Fréjus et député du Var, mais surtout une figure de l'UDF, s'est éteint à l'âge de 81 ans.

Né le 26 mars 1942 à Cannes dans une famille de sept enfants, François Léotard fut ministre de la Culture et de la Communication de 1986 à 1988 dans le gouvernement de Jacques Chirac, puis ministre de la Défense et ministre d'État de 1993 à 1995 dans celui d'Édouard Balladur. Il a aussi été président du Parti Républicain, puis de l'UDF de 1996 à 1998.

Il s'engage en politique en partie pour laver l'honneur de son père : maire de Fréjus de 1959 à 1971, il avait été vivement critiqué à la suite de la rupture du barrage du Malpasset qui avait fait 423 morts en 1959. À 22 ans, François Léotard entre au séminaire mais renonce au bout d'un an et part au Liban comme coopérant. À son retour, il intègre l'ENA, où il fonde la première section syndicale CFDT. Ayant rejoint la droite giscardienne, il est élu maire de Fréjus (1977-97) puis député UDF du Var.

Hommages de la classe politique

«Avec sa disparition, nous perdons un esprit libre, un homme de livres et d'engagement. Son Var natal, la France qu'il a défendue, la République qu'il aimait éprouvent aujourd'hui une grande perte», a déploré le président de la République.

Dans un tweet, Nicolas Sarkozy a exprimé la «tristesse de voir partir trop tôt l'une des figures les plus brillantes de (s)a génération».

«La région Sud, sa région, s'incline devant la mémoire de François Léotard, a de son côté écrit le président de la région PACA Renaud Muselier sur Twitter. Il était un homme d'État et de territoires».

Le maire de Nice Christian Estrosi l'a quant à lui qualifié de «formidable défenseur de la droite libérale».

Tout au long de sa carrière politique, François Léotard s'est de fait échiné à suivre le modèle libéral, en vigueur outre-Manche et outre-Atlantique dans les années 1980, et à prôner la rupture avec la tradition étatiste du gaullisme et du socialisme. Il emmènera dans son sillage Alain Madelin, Gérard Longuet, Jacques Douffiagues ou Claude Malhuret, un petit groupe surnommé alors la «bande à Léo». En 1995, il soutient Edouard Balladur dans la course à l'Élysée.

François Léotard en discussion avec Edouard Balladur, quand il était son ministre de la Défense. PATRICK KOVARIKPatrick KOVARIK / AFP

Pour son successeur au ministère des Armées Sébastien Lecornu, François Léotard était un «homme de conviction et d'engagement». «Les armées gardent de lui le souvenir d'un homme profondément attaché à la souveraineté et à l'indépendance de la France», écrit-il.

Démêlés judiciaires

Précoce et ombrageux, sportif et stressé, ce hussard de la politique, en qui beaucoup voyaient un présidentiable en puissance, avait quitté la politique dans les années 2000. Frappé de «lassitude», François Léotard expliquera ensuite qu'il «ne supportait plus» le monde politique, son aspect «prostitutionnel», fait de «flatterie» et de «mensonge», qu'il lui fallait retrouver «son propre langage». Après avoir remisé ses ambitions, il assurait qu'il aurait aimé être gardien de phare...

François Léotard a également connu des déboires avec la justice. En 2021, il est condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis et 100.000 euros d'amende pour «complicité d'abus de biens sociaux» dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi. En 2004, il avait déjà été condamné à dix mois de prison avec sursis pour «financement illégal de parti politique et blanchiment de capitaux».

Source: Le Figaro