Affiches de Macron grimé en Hitler à Avignon : pourquoi les auteurs pourraient ne pas être condamnés

May 19, 2023
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Injure publique envers le Président de la République et provocation à la rébellion. L’enquête ouverte ce jeudi par le parquet d’Avignon à la suite de la diffusion en ville de 90 affiches représentant Emmanuel Macron grimé en Adolf Hitler pourrait valoir à ses auteurs 12 000 euros d’amende pour la première qualification et deux mois de prison et 7 500 euros d'amende pour la seconde. Des condamnations lourdes mais qui ne s’annoncent pas forcément évidentes.

Un précédent pourrait en effet avoir ouvert une brèche et fait jurisprudence. Le 19 juillet 2021, en pleine épidémie de Covid-19 et alors que le vaccin avait été rendu obligatoire, Michel-Ange Flori, un afficheur varois, avait déjà représenté le Président sous les traits du dictateur nazi. Coupe de cheveux, moustache, uniforme, tout y était et deux affiches en 4x3 avaient été collées à La Seyne-sur-Mer et Toulon sur des panneaux lui appartenant. Le tout avec cette légende : "Obéis. Fais-toi vacciner".

Emmanuel Macron avait déposé plainte mais ça n’avait pas échaudé le publicitaire. Un mois plus tard, il recommençait faisant cette fois apparaître le Président aux côtés du maréchal Pétain, vêtus et coiffés du même képi, avec en fond, un QR code, et ce message : "Il n'y a qu'un pass à franchir." Le tribunal correctionnel de Toulon avait alors condamné Michel-Ange Flori à 10 000 € d’amende pour injure publique. Ce dernier avait fait appel mais la Cour d’Appel d’Aix avait confirmé la sanction, réduisant simplement la somme à payer à 5000 euros.

Bien décidé à se faire entendre, l’afficheur s’était pourvu en cassation. Et le 13 décembre 2022, sa chambre criminelle avait annulé la condamnation au motif "que les affiches incriminées n'ont pas dépassé les limites admissibles de la liberté d'expression". "L'auteur s'est placé sur un mode satirique résultant, pour la première affiche, de la mention 'affichage satirique et parodique' et, pour la seconde, du jeu de mots 'il n'y a qu'un pass à franchir', avait ajouté la Cour. Les photomontages en cause, pour outrageants qu'ils fussent vis-à-vis de l'actuel Président, se sont inscrits dans le débat d'intérêt général et la polémique qui s'est développée au sujet du pass vaccinal contre le virus du Covid".

Source: La Provence