Reworld Media perd ses procès intentés contre des anciens de " Science & Vie "

June 07, 2023
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Ni concurrence déloyale, ni diffamation. Deux fois, mercredi 7 juin, la justice a débouté le groupe Reworld Media des plaintes qu’il avait déposées, à l’automne 2021, contre le magazine Epsiloon et ses fondateurs.

A l’origine de son courroux : la création du mensuel d’actualité scientifique par des anciens de Science & Vie, un titre en sa possession depuis le rachat, en 2019, des publications de Mondadori (Biba, Maison & Travaux, Auto Plus, Psychologies, Nous deux, etc.). Au terme d’une grève de cinq jours et d’un bras de fer avec la rédaction, la plupart des rédacteurs avaient quitté l’entreprise « pour des raisons éthiques », rappelle Hervé Poirier, ancien rédacteur en chef de Science & vie et aujourd’hui à la tête d’Epsiloon.

Ensemble, les journalistes s’étaient lancés dans une aventure qui relevait, pour Reworld, du « parasitisme » et de la « concurrence déloyale », justifiant une action en justice contre M. Poirier, son adjointe Mathilde Fontez, la société éditrice It Is Not Rocket Science et l’éditeur Unique Héritage Média (UHM). Le tribunal de Nanterre n’a pas suivi le plaignant, et l’a débouté de toutes ses demandes, le condamnant à verser 5 000 euros aux quatre défenseurs.

« Nous sommes soulagés »

Environ une heure après, ce premier jugement favorable à Epsiloon, le tribunal de Paris a, à son tour, débouté Reworld des plaintes pour diffamation déposées contre les deux journalistes et UHM. Le groupe reprochait à M. Poirier et Mme Fontez des propos tenus au cours de l’émission de France Inter L’instant M (et pour partie confirmés sur Europe 1), où ils avaient été invités à raconter leur démarche. Egalement condamné aux dépens, Reworld devra leur verser 2 500 euros chacun.

Pour le tout jeune magazine scientifique, l’épée de Damoclès pesait d’un poids certain, puisque Reworld réclamait autour d’un million d’euros de dommages et intérêts. « Nous sommes soulagés de voir cette longue procédure prendre fin », se félicite Hervé Poirier, satisfait de pouvoir de nouveau « mettre son énergie » au service du projet éditorial. Lancé il y a deux ans, Epsiloon (15 000 exemplaires vendus en kiosques) s’appuie sur ses seize journalistes (dont huit en contrat à durée indéterminée) pour sortir douze numéros par an et quatre hors-séries. « 70 % de nos 34000 abonnés le sont à ces deux offres », ajoute le rédacteur en chef, qui annonce des comptes dans le vert depuis quatre mois, après dix-huit mois de pertes.

Le 24 mai, une campagne de préfinancement d’un mook annuel (une publication à mi-chemin entre un magazine et un livre illustré), Les Voyages d’Epsiloon, a été lancée sur la plate-forme de financement participatif Ulule. « Le pré-achat est l’un des nouveaux modèles d’une presse qui ne veut vivre que grâce à ses lecteurs », ajoute Hervé Poirier. Le développement de newsletters payantes et gratuites, la présentation sur scène d’enquêtes journalistiques dans le cadre de divers événements culturels et scientifiques, ainsi que le lancement, en octobre, d’une maison d’édition autour de trois premiers ouvrages (un beau livre, le mook reformaté et un livre d’anecdotes scientifiques amusantes) viennent compléter un modèle économique encore en construction.

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Source: Le Monde