Nucléaire : "On a 30 ans de désindustrialisation de la France derrière nous", le plan de la filière pour recruter des milliers de personnes

June 10, 2023
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La filière a présenté un plan au gouvernement pour être en mesure d’assurer la construction de la prochaine génération de centrales et le maintien en état des infrastructures actuelles.

La filière nucléaire a présenté au gouvernement un plan "Marshall" pour recruter dans le secteur, vendredi 9 juin à Caen, aux trois ministres concernées, de la Transition énergétique, de la Recherche et de la Formation professionnelle. Pour être en mesure d’assurer la construction de la prochaine génération de centrales et le maintien en état des actuelles, il faudra recruter 100 000 personnes dans les dix prochaines années et monter des formations mais le temps presse.

Dès 2019, l’industriel Jean-Martin Foltz dressait un constat sans appel dans un rapport commandé par le gouvernement sur le fiasco de Flamanville : la filière nucléaire souffrait d’une perte de compétences due au manque de projets et aux politiques peu favorables à l’atome. Depuis, il y a eu la relance portée par Emmanuel Macron dans son discours de Belfort et les projets de nouveau nucléaire.

"On part d'un peu loin"

Mais la filière ne se remonte pas facilement. "On a un vrai souci d'attractivité des formations qui mènent aux métiers industriels. On a 30 ans de désindustrialisation de la France derrière nous, donc c'est vraiment ça le sujet", affirme Hélène Badia, présidente de l’université des métiers du nucléaire, une structure créée par les grandes entreprises du secteur. Elle note également que "pendant un moment on dit : 'on va fermer le nucléaire". L'heure est désormais à la "relance du nucléaire" mais, estime-t-elle,"on part d'un peu loin, il faut arriver à embarquer les enseignants, il faut arriver à faire en sorte qu'ils connaissent mieux nos métiers. Il faut recréer ces filières techniques et industrielles."

"Il faut arriver à embarquer les enseignants, il faut arriver à faire en sorte qu'ils connaissent mieux nos métiers. Il faut recréer ces filières techniques et industrielles." Hélène Badia, présidente de l’université des métiers du nucléaire franceinfo

L'objectif est aussi de pousser les étudiants à se spécialiser dans le nucléaire. Le plan présenté au gouvernement veut renforcer l’alternance, les formations courtes et longues ainsi que l’orientation des élèves vers les métiers scientifiques et techniques. Le ministère de l’Enseignement Supérieur a mis en place des dispositifs qui permettent aux étudiants d’accéder plus vite au milieu professionnel. Pour la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, il ne s’agit pas de formations au rabais pressées par l’urgence. Les "compétences spécifiques" et les "problématiques de sécurité" ne seront pas omises selon elle.

"Des étudiants qui sont aujourd'hui en master de physique, de chimie, d'énormément de disciplines peuvent, à la dernière année de leur master, d'études, choisir une filière de génie industriel, de génie du nucléaire, de radioactivité, etc. Donc le nucléaire, c'est aussi une spécialisation à partir des disciplines. C'est pour ça qu'on peut aller très vite", assure la ministre. Pour remplir les formations et parvenir à recruter 100 000 personnes, la filière a aussi lancé des initiatives grand public comme un site internet dédié aux métiers du nucléaire ou encore une semaine de recrutement en partenariat avec Pôle emploi.

Source: franceinfo