En Charente-Maritime, La Laigne, un " village fantôme " depuis le tremblement de terre
Après le séisme du 17 juin 2023, à La Laigne (Charente-Maritime). THIBAUD MORITZ / AFP
Sous la pluie, son téléphone en main, Audric Comparon attend les pompiers. Sa maison est l’une des premières du village de la Laigne (Charente-Maritime), sur la route qui mène de La Rochelle. « Les experts doivent me dire si la maison présente des risques ou non. » Vue de l’extérieur, l’édifice laisse apparaître quelques lézardes. « A l’intérieur, il y a de grosses fissures, confie le père de deux enfants, relogé chez des amis à Benon, commune voisine. Il y a eu plus de peur que de mal, mais c’est traumatisant. J’étais en train de passer la tondeuse quand j’ai entendu une grosse explosion. Ma femme est sortie en pleurs avec le bébé. La nuit qui a suivi, on n’a pas beaucoup dormi. »
La plupart des 500 habitants de La Laigne ont du mal à trouver le sommeil depuis le vendredi 16 juin, quand un séisme d’une magnitude de 5,3 à 5,8 selon le Réseau national de surveillance sismique et le Bureau central sismologique français, ressenti dans tout l’ouest de la France, a frappé durement le nord de la Charente-Maritime. Sans faire de victimes, mais en provoquant de nombreux dégâts.
Dans plusieurs communes rurales, des centaines de maisons ont été fissurées, des toits littéralement soulevés, des cheminées se sont écroulées. Le clocher de la petite église de La Laigne, qui venait d’être rénové, illustre la fragilité des bâtisses anciennes aux moellons de pierres blanches, face aux chocs successifs, puisqu’il y a eu plusieurs répliques depuis vendredi.
Cellule d’urgence dans la bibliothèque du village
« Dès 14 heures, il y a eu comme un grondement. J’ai vu un gros vol d’étourneaux, qui semblaient affolés. Ça m’a paru bizarre sur le coup », témoigne Sophie Venturi, accoudée à son portail, le regard fixant les plaies infligées à la maison de famille de son mari, où ils vivent depuis plus de vingt ans. « Les fissures s’écartent de plus en plus. Dedans, le buffet est ouvert, tout est cassé, c’est plein de gravats par terre. J’ai cru à une bombe quand c’est arrivé, tout le monde est sorti dans la rue. La deuxième secousse [vers 4 h 27, dans la nuit de vendredi à samedi] nous a fait peur. C’est très dur ce qu’on a vécu. Les trois quarts des gens sont partis. La Laigne est devenue un village fantôme. Pour l’instant, on reste à la maison, mais on va voir avec les pompiers. J’ai peur de me recevoir le toit sur la tête. »
A La Laigne (Charente-Maritime), le 17 juin 2023. THIBAUD MORITZ / AFP
Sophie Venturi s’inquiète surtout pour son fils, Kévin, qui habite lui aussi le village avec son épouse et ses deux enfants. « Il a 31 ans, ça fait dix ans qu’il retape sa maison, il avait tout remis à neuf. Il a tout perdu. La famille a été relogée chez ses beaux-parents, mais il ne ferme pas l’œil de la nuit. » Une cellule d’urgence médico-psychologique du SAMU de La Rochelle accueille dans la petite bibliothèque du village les habitants qui le souhaitent. « J’en ai besoin ! », s’écrit une dame en colère, entrant dans le local.
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Source: Le Monde