" Pour la première fois, l’UE reconnaît le rôle du nucléaire dans le combat pour la décarbonation de l’économie "

June 19, 2023
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Centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche), le 3 mai 2023. MATHIAS BENGUIGUI POUR « LE MONDE »

Alors que les écologistes se sont mobilisés, samedi 17 juin, pour s’opposer au projet de ligne Lyon-Turin, les ambassadeurs des vingt-sept pays de l’Union ont, eux, enfin pu passer un week-end tranquille. Ils sont tombés d’accord la veille au soir sur un texte bien plus crucial pour la protection de la planète, puisqu’il porte sur les objectifs 2030 de l’Europe en matière d’énergie. Il entérine le cap de 42,5 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique du continent et, pour la première fois, il reconnaît le rôle du nucléaire dans le combat pour la décarbonation de l’économie.

Dans une communication officielle et volontairement sibylline, la Commission pointe que « des énergies sans combustibles fossiles, autres que les énergies renouvelables, contribuent à atteindre les objectifs de neutralité climatique 2050 pour les membres qui décident d’utiliser de telles sources d’énergie ».

Une petite révolution conceptuelle ! Cela était important pour la France, notamment au regard des objectifs très ambitieux de la directive de remplacement de l’hydrogène produit par du gaz par son équivalent obtenu avec de l’électricité décarbonée. Non seulement le nucléaire permettra de le faire, mais des délais ont été obtenus pour la transformation du gris au vert des usines d’ammoniac, élément de base de la fabrication des engrais.

Interminable feuilleton

Les diplomates ont donc signé l’armistice après des mois de bataille entre pays membres sur le sujet. Comme toujours dans cet interminable feuilleton, la messe n’est pas encore dite totalement. Lundi 19 juin, les ministres européens pourraient tenter de revenir en arrière au motif du précédent juridique de la renégociation d’un décret déjà entériné. Mais l’Allemagne, qui a fait de même avec celui interdisant les voitures thermiques en 2035, aura du mal à jouer de cet argument. Restera aussi le passage au Parlement, avant la signature enfin par les Etats membres.

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Le chemin européen reste donc laborieux. Il peine à s’adapter aussi rapidement et efficacement que ne le font les Etats-Unis quand ils décident de subventionner la transition énergétique. En revanche, il fixe un cap de long terme très ambitieux, qui donne un horizon d’adaptation au monde économique. Et cette visibilité est bonne. Ainsi, l’économiste Sander Tordoir, du Centre for European Reform, assure que l’Europe pourrait bien prendre l’avantage rapidement sur les technologies vertes.

S’appuyant sur les chiffres d’exportation de 220 technologies bas carbone, il montre que la part de l’Europe dans ce domaine s’est accrue bien plus vite, dépassant les 20 % de part de marché, que celle des Etats-Unis (13 %), face à la domination chinoise en la matière (34 %). Selon lui, le raccourcissement des chaînes logistiques à mesure de la maturité des technologies renforce cet avantage. Avec néanmoins un corollaire qui ne rétablira peut-être pas la paix des ménages à Bruxelles. L’écrasante majorité de cette avancée européenne provient d’Allemagne, largement devant l’Italie et la France. On ne peut pas tout avoir.

Source: Le Monde