Affaire Sophie Le Tan : Nouveau procès pour Jean-Marc Reiser, qui nie la préméditation
Des larmes, un malaise, beaucoup d’émotion, des témoins qui décrivent un homme « pervers »… et une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de vingt-deux ans de sûreté. C’était il y a environ un an. Jugé pour le meurtre de Sophie Le Tan en 2018, Jean-Marc Reiser avait écopé de la peine maximale devant la cour d’assises du Bas-Rhin à Strasbourg. Avant de faire appel de sa sanction le lendemain, le 7 juillet.
A partir de ce mardi à Colmar, et ce pour une dizaine de jours avec un délibéré attendu jeudi 29 juin, le sexagénaire (62 ans) est de retour devant la justice. Pour le même procès au vu des aveux qu’il avait finalement effectués en janvier 2021 ? « Un procès n’est jamais pareil », répond maître Gérard Welzer, qui défendra de nouveau les parties civiles. Soit une famille et des proches de Sophie Le Tan qui s’étaient présentés en nombre l’année passée et devraient encore être là.
Face à eux, l’accusé ne sera plus défendu par les mêmes avocats. Thomas Steinmetz et Emmanuel Spano ont remplacé Francis Metzger et Pierre Giuriato. « C’est le choix de M. Reiser. Il avait déjà eu affaire à maître Spano dans d’autres affaires et nous a contactés », justifie à 20 Minutes le premier cité, avant de décrire la défense qui sera cette fois utilisée. « Elle ne sera pas très éloignée de celle en première instance. Notre client n’a pas fait évoluer sa position : il parle de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. »
En clair, Jean-Marc Reiser nie encore et toujours la préméditation dans cette affaire. « Elle nous semble contestable », complète l’un de ses conseils. « Même incompatible avec l’excès de colère qu’il a décrit. » Celui qui l’aurait pris après s’être mépris sur les sentiments de la jeune fille de 20 ans venue visiter son appartement à Schiltigheim, mis en location sur le site Le Bon Coin. Le sexagénaire dit avoir frappé Sophie Le Tan, avant qu’elle ne chute lourdement et reste inanimée. La suite ? L’homme avait découpé à la scie le corps de la victime, mis dans deux valises et dispersé dans la forêt de Grendelbruch, à une quarantaine de kilomètres de la capitale alsacienne.
« Reiser n’a cessé de mentir, tricher, assassiner… »
« Qu’on soit très clair, l’idée est de faire rejoindre les attentes des parties civiles et celles de Monsieur Reiser. Cela ne changera pas la peine encourue car il est en récidive de crime (en 2003, il avait été condamné à quinze ans de prison pour deux viols en 1995 et 1996). Le but est simplement d’avoir un jugement juste », synthétise Thomas Steinmetz, conscient de la tâche qui l’attend avec son camp afin de convaincre les jurés.
« Reiser n’a cessé de mentir, tricher, assassiner… Il ne va pas réussir à dire n’importe quoi devant une cour d’assises », anticipe de son côté Gérard Welzer. « Le dossier est tellement accablant. La préméditation suinte de partout, elle est omniprésente. Je n’ai pas de doute qu’elle sera retenue. »
« Démonter le mythe Reiser »
Les mêmes témoins qu’au premier procès sont attendus, dont la sœur de l’accusé et ses anciennes compagnes. Avec une experte, ces dernières avaient décrit un homme « pervers et manipulateur ». « Cette enquête de personnalité est orientée et à charge », leur avait répondu Jean-Marc Reiser à Strasbourg, en apparaissant souvent comme arrogant aux yeux de la cour. « Était-elle disposée à l’entendre l’an dernier ? », s’interroge faussement maître Steinmetz. « Notre première mission sera de démonter le mythe Reiser, qu’on a souvent voulu faire passer pour un monstre. »
Le natif d’Ingwiller y est habitué. Il est déjà passé une dizaine de fois devant un tribunal correctionnel ou une cour d’assises et a déjà passé plus d’une quinzaine d’années derrière les barreaux. Dont une partie à la centrale d’Ensisheim (Haut-Rhin), où il s’était vanté d’avoir joué aux cartes avec les tueurs en série Guy Georges et Francis Heaulme.
Source: 20 Minutes