Des manifestations en France contre la politique du gouvernement et l'opération Wuambushu à Mayotte
Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux sans-papiers, ont défilé samedi à Paris, mais aussi dans d’autres villes françaises dont Rennes et Marseille, contre la loi immigration portée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, et contre l’opération sécuritaire « Wuambushu » à Mayotte, ont constaté des journalistes de l’AFP.
A Paris, les manifestants, qui répondaient à l’appel du Collectif « UCIJ 2023 » (« Unis contre l’immigration jetable »), marchaient derrière une banderole proclamant « Non à la loi Darmanin. Contre la répression, l’enfermement et les expulsions, pour une politique migratoire d’accueil, régularisez ».
Le projet de loi immigration, que le gouvernement vient de reporter à l’automne, « est une loi raciste, qui a pour objectif de criminaliser les étrangers » et d’aboutir à « plus d’expulsions », a dénoncé Aboubacar, 31 ans, un sans-papier malien. « Le problème ce n’est pas l’immigration, c’est l’exploitation et les patrons voyous », a ajouté ce salarié d’un sous-traitant de la Poste à Alfortville (Val-de-Marne), qui avec ses collègues se bat depuis dix-sept mois pour obtenir sa régularisation.
L’opération Wuambushu critiquée
Les participants entendaient aussi protester contre l’opération sécuritaire « Wuambushu » menée par les autorités à Mayotte, pour déloger les migrants en situation irrégulière, pour la plupart comoriens, des bidonvilles insalubres de ce département d’outre-mer. « La façon dont sont traités les Comoriens sans papiers est indigne d’un pays comme la France », a fustigé Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme et ancienne eurodéputée (Front de gauche).
Le projet de loi Darmanin et l’opération à Mayotte sont liés, a expliqué à l’AFP Saïd Mhamadi de l’Appel de Marseille, organisation civile de la population comorienne dans la cité phocéenne, où 200 à 300 personnes ont manifesté. « D’un côté une loi, certes repoussée, mais clairement inspirée des idées » du Rassemblement national, et de l’autre une opération qui amène « chaos et échec » et « veut lutter contre la violence mais par la violence », a-t-il dénoncé.
La loi Darmanin « rentre en résonance avec l’opération déplorable, insupportable à Mayotte qui bafoue les droits fondamentaux des gens sur place », a également dénoncé le député marseillais de La France Insoumise Manuel Bompard.
Du monde à Rennes, Strasbourg et Nîmes
A Rennes, plus de 500 personnes ont défilé aux cris de « A bas l’Etat policier » ou « Darmanin dans la Vilaine » (le fleuve qui traverse la capitale bretonne). « Je suis venu par solidarité avec les Comores et pour protester contre les mesures brutales de la France à Mayotte, c’est très violent et il y a moyen de gérer ça autrement », a dit à l’AFP Théodore Sobezy, monteur-câbleur de 32 ans.
A Strasbourg, les manifestants étaient environ 110, réunis derrière deux banderoles « Ni frontière, ni nation, Liberté de circulation » et « Contre le racisme, contre le fascisme, régularisation de tous les sans-papiers ». Parmi eux, Sandra Regol, députée EELV/Nupes, a dénoncé un gouvernement qui « déroule un tapis rouge au Rassemblement national » et qui « fait des choix dangereux pour la démocratie et pour la France ». Dans la matinée, une centaine de personnes s’étaient réunies devant le palais de Justice de Nîmes.
Source: 20 Minutes