Cartes Pesticides, explosifs, solvant... Découvrez les polluants qui contaminent l'eau du robinet près de chez vous

June 30, 2023
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Entre octobre 2020 et décembre 2022, l’Anses, l’Agence de sécurité sanitaire, a testé dans notre eau potable la présence de résidus de pesticides, d’explosifs et d’un solvant industriel. Il s’agit de polluants jamais mesurés auparavant dans nos analyses de l’eau sur 300 sites en France.

Quels polluants y a-t-il dans votre eau potable ? franceinfo publie en collaboration avec la cellule investigation de Radio France, une carte sur les polluants jamais mesurés dans l'eau du robinet. Il s'agit de résidus de pesticides, d'explosifs, mais aussi de solvants.

>> ENQUETE. Des résidus de pesticides provoquent la fermeture de captages d’eau

L'Anses, l'agence de sécurité sanitaire, les a testés dans 300 points d'eau potable en France, entre octobre 2020 et décembre 2022, pour une enquête inédite, dont les résultats ont été publiés il y a trois mois. Cette enquête démontrait la présence problématique d’un résidu de pesticide, le chlorothalonil dans un tiers des sites testés. Nous avons pu accéder aux données de l'Anses, et ainsi découvrir où l'agence avait effectué ses prélèvements, une information jusqu'ici non révélée. Découvrez les substances détectées près de chez vous sur nos cartes interactives.

Le 1,4 dioxane, dont la concentration dépasse parfois le seuil sanitaire défini par la ville de New York

Parmi les 100 000 molécules chimiques en circulation, nous n'en connaissons bien que 500. Pour trouver celles qui pourraient nous poser le plus de problème, l'Anses teste donc la présence de nouvelles molécules tous les trois ans. C'est le cas avec ce solvant appelé le 1,4 dioxane, classé comme cancérigène possible. S'il n'existe pas de seuil sanitaire dans l'eau potable pour ce produit en France, il est déjà dans le collimateur des autorités sanitaires américaines. L'état de New York a même décidé de couper l'eau du robinet si le seuil de 1 µg/L est dépassé.

Et ce que les données de l'Anses révèle, c'est que c'est le cas dans plusieurs échantillons, par exemple à Mareil-sur-Mauldre dans les Yvelines où des investigations sont en cours pour savoir d'où peut venir ce produit chimique utilisé par de nombreuses industries. Interrogée sur le sujet, l'ARS a indiqué qu'il n'était pas obligatoire d'informer les usagers et qu'en outre, les taux relevés en France étaient bien en dessous du seuil de l'OMS, de 50µg/L, utilisé pour l’instant comme référence pour ce solvant. Il n’a pas de seuil sanitaire en France dans l’eau potable.

Des traces d'explosifs utilisés lors de la Première guerre mondiale

La plupart des explosifs retrouvés par l'Anses dans l'eau qui coulent de nos robinets datent de la Première guerre mondiale, y compris à des endroits pourtant éloignés des champs de bataille. Deux autres explosifs, plus récents, ont été détectés, le RDX et le HMX. Les comparaisons avec des seuils à l'étranger ne montrent pas de dépassement sur les points testés. Mais en France, ces produits n'ont là encore pas de seuil sanitaire établi. “On ne sait toujours pas répondre à la question : sommes-nous en train de nous empoisonner ?”, reconnaît le professeur de toxicologie Franck Saint-Marcoux du CHU de Limoges.

Les pesticides, un cocktail à retardement ?

28 : c'est le nombre de pesticides découverts dans l'eau du robinet à Choye, une commune de Haute-Saône. Parmi eux, 13 ont une concentration dans l'eau supérieure à 100 ng/L. Parmi eux, des métabolites, des molécules qui se créent sous l'action du soleil, après la dissémination des pesticides, et dont la toxicité n'a, pour la plupart, jamais vraiment été évaluée. Aucun des 300 échantillons de l'Anses prélevés dans l'eau du robinet entre 2020 et 2022 ne dépasse le seuil sanitaire fixé en urgence par les autorités.

On se rend compte que la concentration de certaines substances impose à de nombreux endroits des travaux pour les captages. En effet, la réglementation impose de faire des travaux sur les captages dès que le seuil de métabolites de pesticide dépasse 100 ng/L (pour certaines substances comme l’alachlore OXA, le chlorothalonil R47811, le désethyl-terbuméton, le deséthyl-chloridazone, desphényl-chloridazone, le flufenacet ESA, le methyl-desphényl-chloridazone, NN-diméthylsulfamide, 2,6-dichlorobenzamide) ou 900 ng/L (pour l’acétochlore ESA, acétochlore OXA, alachlore ESA, CGA 354742, CGA 369873, dimethenamide ESA, dineméthénamide OXA, métazachlore ESA, métazachlore OXA, métolachlore ESA, métolachlore OXA). Et à regarder les échantillons de l'Anses, ils sont nombreux à être concernés.

Et ce sont ces analyses qui ont conduit à la fermeture de certains captages il y a peu.

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Source: franceinfo