Au Soudan, les médiations échouent et la crainte de régionalisation du conflit augmente

July 14, 2023
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Plus de 3 millions de personnes ont été déplacées par le conflit au Soudan, selon l’Organisation international des migrations. Des réfugiés soudanais devant l’hôpital d’Adré, au Tchad, le 16 juin 2023. MOHAMMAD GHANNAM/MSF / VIA REUTERS

Depuis le 15 avril et le début des hostilités entre les Forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah Al-Bourhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemetti », toutes les tentatives de médiation internationale ont échoué. Les sommets s’enchaînent sans qu’aucune solution négociée ni cessez-le-feu durable ne se dessinent. Celui qui s’est tenu jeudi 13 juillet au Caire, en présence du président égyptien, l’un des plus fermes soutiens du général Al-Bourhane, et de six autres dirigeants d’Etats limitrophes du Soudan, n’a pas échappé à la règle. A son issue, les participants se sont dits « inquiets face à la détérioration de la situation » et ont souligné l’importance « d’empêcher la fragmentation du pays » sans être en mesure d’ébaucher un schéma de sortie de crise entre deux belligérants qui ne renoncent pas à l’idée d’une victoire totale sur leur adversaire.

Jusqu’ici, ceux-ci avaient profité des multiples trêves négociées à Jeddah, en Arabie saoudite, pour réorganiser leurs troupes et poursuivre leurs exactions sur la population. En trois mois, le conflit a fait plus de 3 000 morts civils et déplacé plus de 3 millions de personnes, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Constatant qu’aucun des engagements pris par les deux parties pour mettre en place des corridors humanitaires n’avait été respecté, les Etats-Unis ont annoncé, le 21 juin, la suspension des pourparlers de Jeddah, débutés deux mois plus tôt en Arabie saoudite. Face à cette impasse, l’Union africaine (UA) a alors élaboré un « plan pour la désescalade au Soudan », incluant des hommes politiques et des représentants issus de la société civile soudanaise susceptibles d’incarner une troisième voie. Sa feuille de route n’a cependant débouché sur aucun mécanisme concret de résolution de crise.

« Médiation concurrente »

Dans l’intervalle, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a repris la main sur le dossier soudanais, tentant en vain d’organiser un tête-à-tête entre les deux généraux ennemis. Lors d’un sommet, lundi, à Addis-Abeba, l’organisation qui réunit les dirigeants de la Corne de l’Afrique a également envisagé le déploiement d’une force d’interposition est-africaine au Soudan pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection des civils. Le projet a immédiatement été rejeté par les FAS, sous prétexte que toute intervention extérieure serait perçue comme « une agression et une atteinte à la souveraineté du pays ». Au-delà de la harangue nationaliste, l’armée multiplie les critiques à l’égard du président kényan, William Ruto, qui a pris la tête de la médiation est-africaine, l’accusant de faire le jeu des FSR.

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Source: Le Monde