" Tout le monde a un peu tourné la page " : le Covid-19 a-t-il totalement disparu ?

July 21, 2023
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La situation n’a jamais été aussi bonne. Une édition du Tour de France avec aucun cas positif au Covid-19, peu de formes sévères dans les hôpitaux et des touristes qui prennent la route des vacances, loin de la crainte d’être contaminé par le virus. Mais où se cache le Covid-19 ?

« Il faut être honnête, ça va beaucoup mieux. On vit une lune de miel depuis six mois », indique Benjamin Davido à Ouest-France. « Mais ce n’est pas pour autant qu’on est tiré d’affaire », ponctue l’infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).

« Entre 100 et 1 000 cas par semaine »

Depuis plusieurs mois, et notamment après un dernier pic des contaminations durant l’hiver dernier, le nombre de cas de Covid-19 est en nette baisse. « Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas », nuance l’infectiologue. « On a toujours entre 100 et 1 000 cas » chaque semaine dans l’Hexagone, ajoute Yves Buisson, épidémiologiste et membre de l’Académie nationale de médecine, qui déplore, comme son confrère, une baisse de la surveillance de l’épidémie. Et aussi de son chiffrage : le site SI-Dep, pour « système d’information de dépistage » a été, comme prévu, mis en hibernation, rendant difficile pour les médias de compter le nombre exact de cas.

Sur le site de Santé publique France (SPF), les chiffres publiés sont néanmoins clairs : ils sont bien moins vertigineux que ceux du début de l’épidémie. SPF évoque 1 106 nouveaux cas pour la semaine du 22 au 29 juin 2023 – soit un peu plus d’une centaine par jour –, tous dus à une contamination avec le variant Omicron. On recensait 18 063 nouveaux cas pour la semaine du 20 au 27 juillet 2021. Et encore 54 530 du 1er au 7 novembre 2022.

La baisse de la mortalité en raison d’une contamination au Covid-19 s’observe aussi dans le monde. Selon les dernières données de l’OMS, 491 morts liés au virus ont été recensés entre le 13 et le 19 juillet. Des chiffres relativement stables depuis plusieurs mois. En comparaison, 5 252 avaient été recensés du 7 au 14 février 2022 au plus fort de l’épidémie, rapporte l’OMS.

Le poids de l’immunité

Cette différence, saluée par les médecins et scientifiques, n’est pas anodine. Elle s’explique en partie par l’immunité acquise au fil des mois via « les vagues de contamination répétées » et les campagnes de vaccination, explique Benjamin Davido. « On a obtenu ce que l’on appelle une immunité hybride. » « La plupart des gens ont été contaminés une à deux fois, voire plus, grâce à la viralité du variant Omicron. Sans compter les doses de vaccin » autorisées aux 18 ans et plus, et aux mineurs dès 12 ans avec l’accord des parents, abonde Yves Buisson.

La période estivale « est aussi celle où les virus circulent le moins. À cette époque, les gens sont dehors et tout le monde a un peu tourné la page », ajoute l’infectiologue pour qui, l’immunité hybride n’est pas durable : un nouveau variant, une présence du virus cumulée à un brassage de la population entre rentrée scolaire et retour des vacances, et le tour est joué.

Une prochaine vague à l’automne ?

« Le Covid-19 n’est pas derrière nous », souligne Benjamin Davido qui imagine « sans être pessimiste » une nouvelle vague de coronavirus à l’automne prochain. « On est dans un scénario similaire à celui de la grippe » où une fois l’hiver venu « la population qui n’a pas été en contact depuis longtemps avec le virus sera beaucoup plus sensible », poursuit Yves Buisson. À tous ceux qui imaginaient le Covid-19 disparaître, les scientifiques font non de la tête.

« C’est comme si vous disiez qu’il n’y aura plus de grippe en 2024, alors que ça fait un siècle que le virus existe. Le coronavirus, c’est exactement pareil », insiste l’infectiologue.

Et pourquoi l’automne ? Parce que les expériences précédentes incitent à la prudence : en 2020 et en 2021, les vagues qui couvaient pendant l’été avaient explosé à partir du mois de septembre. « Il fait plus froid, les gens vont être un peu plus à l’intérieur, sans aérer leurs pièces », répond le médecin de Garches qui évoque aussi « les brassages de population ».

Pour éviter la multiplication des cas, restent alors les gestes barrières et la vaccination. Après une campagne complètement transparente au printemps dernier, celle qui pourrait débuter à la rentrée est « essentielle » pour les médecins. « Pendant deux ans, la force de la vaccination a permis à ce qu’on en soit à cette situation aujourd’hui. Il ne faut pas la négliger », appuie Benjamin Davido qui espère que cette dernière soit aussi importante que pour la grippe.

Pour mieux anticiper encore, « regardons ce qui se passe à l’étranger, notamment dans les pays du Sud qui vivent leur période hivernale », indique Benjamin Davido. Comme pour les précédentes vagues, « cela nous donnera une idée de l’urgence – ou non – sanitaire ».

Source: Ouest-France