Au Festival de Cannes, autour de Ruben Östlund, un jury rajeuni

May 04, 2023
33 views

Le réalisateur suédois Ruben Östlund récompensé de la Palme d’Or pour son film « Sans Filtre », lors de la 75e cérémonie du Festival de Cannes, le 28 mai 2022. PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP

On savait depuis le 28 février que le cinéaste suédois Ruben Östlund choisirait cette année son successeur tout en haut du palmarès cannois, après son sacre de 2022 (le second). Les noms des huit jurés qui l’accompagneront dans cette tâche ont été annoncés jeudi 4 mai.

Avec un âge moyen de 38 ans, c’est un jury particulièrement jeune, composé comme à l’accoutumée de quatre femmes et de quatre hommes, qui, aux côtés du grinçant Östlund, départageront les 21 films en compétition, lors de la 76e édition du Festival de Cannes, qui se tiendra du 16 au 27 mai. Les organisateurs ont souligné dans un communiqué avoir voulu « saluer l’arrivée d’une génération d’artistes qui réalisent, qui jouent, qui chantent, qui écrivent ».

La benjamine du groupe − et sans aucun doute la plus célèbre − est l’actrice et réalisatrice américaine Brie Larson, 33 ans, révélée par States Of Grace en 2013, lauréate d’un Oscar de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans Room en 2016, et surtout mondialement connue pour incarner depuis 2019 la super-héroïne Captain Marvel dans l’univers cinématographique du même nom. Son compatriote Paul Dano, également comédien et cinéaste, connu pour ses personnages souvent intenses dans Little Miss Sunshine (2006), There Will Be Blood (2007) ou plus récemment The Fabelmans (2022), sera lui aussi amené à donner son avis sur les films en compétition.

Une compétition plus féminine qu’à l’accoutumée

Alors que le Festival de Cannes a souvent été accusé de ne pas assez mettre en valeur les réalisatrices, elles seront cette année sept à concourir pour la Palme (soit un tiers du total, un record), tandis que les quatre femmes du jury sont toutes déjà passées derrière la caméra. Outre Brie Larson, qui a signé en 2017 un long-métrage inédit en France, Unicorn Store, il s’agit de la marocaine Maryam Touzani (Le Bleu du Caftan en 2022), de la Britannico-Zambienne Rungano Nyoni (I’m Not A Witch en 2018) et de la Française Julia Ducournau. Cette dernière, révélée à la Semaine de la critique avec Grave en 2016, a déjà gagné la Palme d’or en 2021, avec le flamboyant thriller horrifique Titane.

Siégeront à leurs côtés le réalisateur argentin Damian Szifron, présent une fois en compétition avec la comédie Les Nouveaux Sauvages en 2014 ; l’acteur français Denis Ménochet, à la brillante carrière internationale depuis son apparition inoubliable dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino en 2009 (suivie de rôles chez Ridley Scott, Stephen Frears, Wes Anderson, François Ozon, Rodrigo Sorogoyen ou dernièrement Ari Aster) ; ainsi que l’écrivain et réalisateur afghan Atiq Rahimi, doyen du groupe à 61 ans, prix Goncourt en 2008 avec « Syngué sabour », et dont le premier film, Terre et Cendres, adapté de son propre roman, avait été dévoilé à Un certain regard en 2004.

Quant au président du jury, Ruben Östlund, il fait partie, à 48 ans, du club relativement fermé des doubles palmés, ayant remporté la récompense suprême avec The Square en 2017 et Sans Filtre en 2022. Pur produit du Festival dirigé par Thierry Frémaux, où cinq de ses six longs métrages ont été montrés (dans une sélection ou dans une autre), le Suédois est ici pour ainsi dire chez lui. Aimant particulièrement railler la bourgeoisie intellectuelle, s’inspirera-t-il un jour de cette expérience pour en tirer une satire dont il a le secret ? A l’annonce de sa nomination, il s’est en tout cas déclaré « heureux, fier et empreint d’humilité », ajoutant que « nul autre lieu dans le monde ne suscite un tel désir de cinéma lorsque le rideau se lève sur un film en compétition ».

Source: Le Monde