Démission du maire de Saint-Brévin : l’extrême droite et l’Etat pointés du doigt

May 11, 2023
483 views

Manifestation contre le déménagement du centre d’accueil de demandeurs d’asile, à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), le 29 avril 2023. FRED TANNEAU / AFP

Sur la chaîne Telegram « Canal Natio », très suivie à l’extrême droite, l’annonce a été saluée par des centaines d’émojis représentant des bouteilles de champagne : « Le maire collabo de Saint-Brévin, menacé de mort, a démissionné après l’incendie volontaire de deux véhicules et de sa maison. » L’ultradroite jubile après la démission du maire Yannick Morez (divers droite), qui avait entériné, en février 2022, le déplacement d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), à la demande de l’Etat, dans sa commune de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique.

Le 22 mars, après trois mois de manifestations d’extrême droite dans sa commune, du Rassemblement national jusqu’à des groupuscules néofascistes, il avait été réveillé à l’aube par l’incendie de ses deux voitures, provoqué par le jet d’un cocktail Molotov. Les flammes avaient ensuite touché les murs de sa maison. Mercredi 10 mai, il a annoncé sa démission et son départ de Saint-Brévin-les-Pins, où il habitait depuis trente-deux ans, « après une longue réflexion menée avec [s]a famille ». Ce médecin généraliste a dénoncé le « manque de soutien de l’Etat », sollicité à six reprises depuis janvier, par courrier.

Dans un tweet, Emmanuel Macron a jugé « les attaques (…) indignes », ajoutant : « A cet élu de la République, à son épouse et ses enfants, je redis ma solidarité et celle de la nation. » Interrogée en marge d’un déplacement à La Réunion, Elisabeth Borne s’est inquiétée d’une « montée de l’extrémisme ». Sans s’attarder, comme le chef de l’Etat, sur la responsabilité de l’extrême droite, la première ministre a ajouté : « L’extrémisme vaut des deux côtés. » Ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, Dominique Faure a, dans un tweet, « assuré [le maire] de tout [son] soutien ». Elle n’avait pas réagi après l’incendie vraisemblablement criminel du 22 mars. Une semaine plus tôt, elle annonçait pourtant la création d’une « cellule d’analyse et de lutte spécifiquement dédiée à la lutte contre les atteintes aux élus », en forte hausse.

« Absence de condamnation officielle »

Le maire avait toutefois reçu, le lendemain de l’incendie, un coup de fil du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, lequel avait « été touché » par l’affaire, repérée dans la presse. Dans un courrier, en réponse, Yannick Morez relevait : « Je ne peux m’empêcher de noter l’absence de condamnation officielle de la préfecture ou du gouvernement, qui l’a fait en même temps pour des faits bien moins graves. Ce projet de CADA est pourtant, en outre, un projet imposé par l’Etat, qui ne le défend pas, et laisse les maires en subir les retours. » Olivier Véran dit avoir, à l’époque, répondu et transmis le courrier du maire au ministère de l’intérieur.

Il vous reste 65.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde