"Une nouvelle expérience, quelque chose de différent et d'excitant" : Tim Burton présente son "Labyrinthe" à Paris

May 15, 2023
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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le réalisateur et scénariste américain Tim Burton. Du 19 mai au 20 août 2023, il présente "Le Labyrinthe", une création inédite à la Villette à Paris.

Tim Burton est considéré comme l'un des plus grands réalisateurs du cinéma mondial. Tour à tour réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, il est d'abord et avant tout un artisan à l'imaginaire incommensurable. La majorité de ses films sont devenus cultes : Beetlejuice (1988), Batman (1989), Ed Wood (1994), Mars Attack ! (1996), Edward aux mains d'argent (1990), Alice au pays des merveilles (2010) ou encore Charlie et la chocolaterie (2005).

Du 19 mai au 20 août 2023, il présente Le Labyrinthe, une création inédite avec Let's Go, plus de 150 de ses œuvres originales visibles à l'espace Chapiteaux de la Villette à Paris.

>> Tim Burton : "Pour moi, les monstres ont toujours été très émouvants", confie le cinéaste avant l'expo "Labyrinthe" à Paris

franceinfo : Il y a plus de 300 itinéraires possibles pour plonger dans votre monde intérieur. Est-ce que ce labyrinthe définit ce qui se passe dans votre tête ?

Tim Bruton : Oui, quand on me le présente, c'est l'impression que j'ai. Ça représente le processus de création pour moi, dans le sens où ça commence par un dessin et puis on le transforme en quelque chose d'autre : une sculpture, peut-être un personnage animé, un film ou peut-être rien du tout. Ça représente ça. Même quand je fais les dessins, ils doivent prendre vie en se transformant en animations.

"Dans 'Labyrinthe', j'ai l'impression d'aller dans une maison hantée, ou quelque chose comme ça. On ne sait pas vraiment où on va... On va dans des petites pièces... Tout ça mis bout à bout, ça représente ce que je ressens dans mon esprit." Tim Burton à franceinfo

Votre œil a toujours été axé sur l'anormalité, sur la différence. C'est ça qui vous définit ? D'être différent, de cultiver cette différence ?

Je ne sais même pas ce que le mot "normal" veut dire. Je me sens normal. J'ai l'impression d'être quelqu'un de normal. De temps en temps, je me sens pas très normal. Mais la plupart du temps, je vois les choses d'une manière différente. Je n'ai jamais trouvé que les monstres étaient des mauvais personnages. Pour moi, ils ont toujours été très émouvants et on peut s'identifier aux choses anormales dans les films. C'est comme ça que je me sens.

Vous avez toujours su poursuivre votre chemin, peu importe ce que les gens pensaient. Que représente Edward aux mains d'argent dans votre parcours ? C'est une porte importante qui s'ouvre. Cette œuvre-là fait partie intégrante de votre parcours, de ce que vous avez créé ?

"Je me sentais comme Edward aux mains d’argent, à un certain âge." Tim Burton à franceinfo

J’étais quelqu'un qui avait beaucoup d'émotions, qui ne pouvait pas connecter, avoir des amis, avoir des connexions avec les gens autour de lui. Quand les gens voulaient me faire un câlin, je me retirais avec frayeur. J'ai toujours été intéressé par les fables, les contes de fées. Pour moi, c'était un symbole, un symbole de conte de fées. Un symbole de fables, de sentiments personnels, de sentiments forts que je ressentais d'ailleurs. Ça combine un sentiment cathartique de faire un film conte de fées sur l'environnement dans lequel j'ai grandi et tout ça, c'était un mélange émotionnel très puissant pour moi.

Il y a toujours eu une dimension aussi macabre. Vous avez dit : "Les cimetières font partie de mon âme". Quel rapport entretenez-vous avec la mort ?

J'espère que ce ne sera pas avant longtemps, ma connexion avec la mort ! Je crois que je n'en ai pas vraiment. Je ne sais pas si c'est personnel parce que j'ai grandi à Los Angeles avec L'Armée des morts-vivants, des cérémonies qui célébraient la vie avec des images de crânes et tout ça, qui ne représente pas vraiment la vie. C'est une manière intéressante d'y penser, je trouve. Ce n'est pas une question de mort, c'est une question de vie. C'est pour ça que les films de vampires questionnent. Ce n'est pas une question que soit la mort ou la vie, je pense que c'est juste quelque chose de spirituel, finalement.

Pour terminer, quel est votre regard aujourd'hui sur ce parcours, sur ce que vous avez déjà réussi à créer et sur ce labyrinthe ?

Je ne regarde pas beaucoup en arrière. Je continue à aller de l'avant. Moi, je suis comme un requin dans l'eau qui avance, je ne regarde pas trop en arrière. En ce qui concerne ce labyrinthe, c'était une nouvelle expérience pour moi. J'ai pris mon travail et je l'ai montré de manière différente et je l'ai fait grandir. Et vous vous intégrez directement à l'intérieur. J'ai senti quelque chose de différent et d'excitant et c'est ce que j'essaye de vous faire ressentir. C'est ça que je cherche.

Source: franceinfo